Romans

Parasites – Ryû Murakami

J’ai récemment eu l’occasion de lire mon premier Murakami. J’ai opté, un peu par hasard – et parce qu’il était sur le présentoir de mise en avant de la bibliothèque – pour Parasites. L’occasion de découvrir un univers particulier.

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Parasites raconte la vie d’un jeune Japonais reclus. Tout a commencé quand petit, alors qu’il est au chevet de son grand-père, il croit voir un long ver translucide quitter le corps de son aïeul pour rentrer dans son corps d’enfant. Petit à petit, il se déconnecte de la réalité et se renferme sur lui-même. Il vit dans un petit appartement, payé par ses parents, dont il ne sort jamais. Sa mère passe le voir régulièrement pour lui apporter à manger. Un jour, elle lui offre un ordinateur portable et Uehara découvre Internet. Naïf, il croit tout ce qui est dit sur les pages qu’il lit. Et des petits malins vont en profiter : ils lui expliquent qu’il est un élu grâce au ver qui est dans son corps, et que cela lui donne le droit de tuer.

Parasites est un roman assez dense au niveau des domaines abordés. Bien entendu, il y a Internet, ses dangers et ses dérives. En toile de fond, la société japonaise, avec la pression de l’excellence, les hikikomori (les reclus), ainsi que le traumatisme de la Seconde guerre mondiale.
Généralement, les familles cachent le fait qu’un de leurs enfants est un hikikomori et la pression qu’ils subissent les fait encore plus se renfermer sur eux-mêmes.
Quant à l’aspect Seconde guerre mondiale, on se rend compte à quel point la population est marquée psychologiquement. Ainsi, Uehara passe un peu de temps avec une vieille dame qui le prend pour un autre et lui raconte des choses qui se sont passées à l’époque. Par la suite, le jeune homme fait des recherches sur Internet sur les suicides collectifs pendant la guerre et les caches d’armes chimiques qui le fascinent.
On découvre Internet à travers les yeux naïfs et candides de Uehara. Complètement déconnecté des autres, il ne comprend pas qu’on se moque de lui et qu’on essaie de lui faire prendre des vessies pour des lanternes. Les personnes qui le contactent (un groupe de pirates) le manœuvrent et le poussent à faire des choses qu’il n’aurait jamais faites, comme sortir de chez lui, acheter à manger dehors… Sur ce point, c’est positif. Sauf que c’est pour de mauvaises raisons. Les pirates créent de faux documents scientifiques pour lui faire croire qu’il est l’avenir de l’humanité et que le ver dans son corps lui donne le droit de tuer. Ils ne se doutent pas qu’il va vraiment passer à l’acte ; Uehara échappe totalement à leur contrôle, si tant est qu’ils l’aient vraiment contrôlé à un moment. Ils essaient de le pousser au suicide (et on apprendra que ce n’est pas leur premier coup). Ils s’en mordront les doigts et l’arroseur sera arrosé quand Uehara comprend qu’ils se moquent de lui et lui veulent du mal. Car, au final, les parasites ce sont ces pirates.

Qu’est-ce que j’ai pensé de Parasites ? C’est assez difficile à définir. Le style est particulier, un peu fatigant à lire. Le récit est sérieux, l‘histoire dérangeante et déroutante. Je ne sais pas trop quoi en dire de plus, si ce n’est que j’ai été soulagée quand j’ai fini le livre. Pas sûre de retenter un autre Murakami avant quelque temps.

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Parasites – Ryû Murakami
Éditions Philippe Picquier
8,10 €