Cinéma

The World’s End, une bière pour la route ?

Je ne fréquente pas beaucoup les salles obscures. Pour plein de bonnes raisons. Du coup, quand je vais au cinéma, c’est pour y voir un film trié sur le volet. Bref, je sais que je vais vraiment passer un bon moment. Ce qui fait que je tourne à un film par an sur grand écran, si ce n’est moins. 2009, L’imaginarium du Docteur Parnassus. 2012, The Dark Knight Rises, The Hobbit : An unexpected journey. 2013, The World’s End, aka Le dernier pub avant la fin du monde. L’imaginarium ? Film de Terry Gilliam, Monty Python, réalisateur maudit. The Dark Knight Rises ne compte pas (même si j’en parle ici, j’avais des contremarques à utiliser donc on n’est pas sur le même système de valeur. The Hobbit, le début d’une saga fondatrice du genre (en bouquins, j’entends), des acteurs exceptionnels.

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Et The World’s End ? Le dernier opus de la Cornetto Trilogy de Nick Frost, Simon Pegg et Edgar Wright. Après Shaun of the Dead et Hot Fuzz. Le principe de cette trilogie ? Chaque film est un hommage à un genre cinématographique. Shaun of the Dead, les films de zombies. Hot Fuzz, les films d’action, avec un gros trip sur Point Break. The World’s End, la science-fiction et la fin du monde. Chaque genre est décortiqué et le trio nous en livre la quintessence. Mais il n’y a pas que ça: en fil conducteur, la force de l’amitié des deux personnages principaux portés incarnés par Nick Frost et Simon Pegg (les rôles étant différents dans chaque film). Et à chaque film, je retrouve avec plaisir la fine fleur des acteurs anglais : Martin Freeman, Bill Nighy, Bill Bailey, Dylan Moran, Lucy Davis, Reece Shearsmith. La Cornetto Trilogy ressemble à une fête entre potes et c’est top !

C’est l’histoire d’une bande de potes, Gary, Andy, Pete, Steven et Oliver. Ils ont grandi ensemble dans une ville paumée. Menée par le rebelle Gary King, la bande fait les 400 coups. Sous l’impulsion de leur leader, les gars entament la mythique tournée des bars de la ville à la fin du lycée : The First Post, The Old Familiar, The Famous Cock, The Cross Hands, The Good Companions, The Trusty Servant, The Two Headed Dog, The Mermaid, The Beehive, The King’s Head, The Hole in the Wall et The World’s End. Soit 12 pintes de bière chacun. Ils n’arriveront pas au bout de leur challenge.

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20 ans plus tard, chacun a fait sa vie, une vie respectable… Sauf Gary. Ce dernier refuse de grandir, est complètement dépressif et en centre de désintox. Il s’accroche à son rêve d’ado et pense que c’est la seule chose qui lui permettrait de se sentir mieux : se relancer dans la tournée des pubs et réussir à aller au bout. Avec force bobards, Gary regroupe ses potes d’antan et la descente des bières commence. C’est l’occasion de ressusciter de vieux souvenirs, sympathiques comme désagréables, et de faire ses comptes.

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Mais la virée alcoolisée tourne au cauchemar. Quelque chose est différent. D’abord persuadés que ça vient d’eux, ils découvrent par hasard le terrible secret de la ville et de ses habitants. Ils n’ont alors qu’une envie : filer à l’anglaise. Sauf Gary, complètement dans son trip, qui tient absolument à accomplir ce qu’ils n’ont pas réussi au sortir de l’adolescence. Il file de pub en pub. L’amitié prend alors le dessus et ses potes finissent par le suivre, jusqu’à la fin du monde. Littéralement.

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J’ai adoré The World’s End. Ce film est bourré de jeux de mots, de références. Il est réalisé de façon habile. On retrouve des gimmicks de réalisation propres à la trilogie (cf. les séquences de tirage des bières en accéléré). La baston est également très présente, de la bagarre de bar à l’affrontement général pour survivre.
Si Shaun of the Dead et Hot Fuzz surfaient allègrement sur la comédie, The World’s End adopte un ton plus grave : adultes désenchantés regrettant leur jeunesse insouciante, rêves déçus, dépression grave, alcoolisme et drogue, refus de grandir. Ce qui ressort au-dessus de tout ça, c’est la force l’amitié qui permet de franchir tous les obstacles, symbolisée par le duo Nick Frost – Simon Pegg.
Côté acteurs, impeccable, comme d’habitude. Mentions spéciales pour Pierce Brosnan en prof et Reece Shearsmith en collabo. Les acteurs jouant la bande de potes jeunes ont été très bien trouvés. Simon Pegg n’a pas le beau rôle dans ce film. Gary King est égoïste, irresponsable, menteur, mégalo, alcoolique, drogué, dépressif. Un vrai danger pour les autres et lui-même.

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Malgré tout le ressentiment qu’ils ont à son égard et les reproches qu’ils ont à lui faire, ses potes se rassemblent à son appel et restent soudés autour de lui. La force de l’amitié, quoi. Le personnage joué par Nick Frost restant son meilleur ami et défenseur.

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La bande son n’est pas en reste avec notamment le Alabama Song des Doors et du Sisters of Mercy (le groupe préféré de Gary).

En bref, The World’s End vaut très très largement le coup (et le coût) d’être vu en salle. Peu diffusé car sa date de sortie a été avancée, file vite le voir avant qu’il ne disparaisse des cinémas. Avoue que ce serait dommage ;) .

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Crédit : Laurie Sparham / Focus Features