Et toi, qu’est-ce que tu veux faire quand tu seras grand ?
Il y a quelques semaines, GrandNicolas demandait à ses contacts Twitter : « Quel était le boulot que vous disiez vouloir faire quand vous étiez gamin ? Qu’est-ce qui vous en a empêché ? ». Cette question m’a ramenée à quelques années – lumière – d’aujourd’hui, à l’époque où j’étais encore innocente et où le monde tournait un peu plus rond que maintenant.
Je pense avoir eu ma période « danseuse étoile » – curieusement, comme beaucoup de petites filles – mais ça n’a pas duré longtemps. Mes parents m’avaient inscrite au Conservatoire de la ville (parce qu’il fallait forcément que je fasse des activités extrascolaires) et, après les cours d’entraînement et l’examen d’entrée, j’avais – sans surprise avec le recul – été recalée. Je ne me souviens pas de si j’avais été déçue. A l’âge du CE2, on ne réfléchit pas à un plan de carrière et je dirais même qu’on s’en fout prodigieusement parce que, de toute façon, c’est pas demain qu’on sera vieux (comprenez par là « adulte »).
Au collège, j’avais la prétention de devenir styliste, géologue ou prof de bio. Styliste, parce que ma mère m’apprenait à coudre et l’attraction des paillettes des défilés était grande (sans doute des restes de ma vocation ratée de ballerine). Géologue, parce que je trouvais que c’était classe, les failles et les volcans c’est impressionnant. Prof de bio, parce qu’une de mes profs était géniale. J’ai abandonné la piste du stylisme, mes parents me poussant vers la voie généraliste : « Avec un bac S, tu peux tout faire ». La couture est ainsi devenue un loisir charmant.
J’étais pas trop mal partie pour géologue et prof de bio quand j’ai été prise en prépa. Là, je me suis vue intégrer l’ENS et j’ai vite dû effectuer un retour à la réalité : j’avais beau faire partie de l’élite comme on me le rabâchait depuis des années – ce qui m’agaçait particulièrement -, l’ENS c’est pour la crème de la crème, alors que moi, si j’ose pousser la comparaison culinaire plus loin, je ne suis que de la pâte à gâteau – de bonne qualité et très goûteuse, mais ça ne suffit pas.
Alors j’ai commencé à rationaliser l’affaire et à m’orienter de façon pragmatique, non pas selon mes envies folles, mais selon la réalité des choses. J’ai demandé à intégrer une école d’ingé où l’on pouvait se spécialiser en industries alimentaires – vu qu’étudier la digestion des ruminants ne m’intéressait pas – partant du principe qu’on aura toujours besoin de manger. Une fois là-bas, j’ai affiné ma stratégie : je voulais faire de la qualité dans l’industrie alimentaire. Sans doute l’influence de la carrière paternelle. Et je me suis prise de passion pour les emballages. Là encore, le fait que mon père travaille dans l’industrie du verre depuis maintenant une vingtaine d’années n’a pas joué du tout. En 3e année, j’ai pris la spé Emballages, ça allait de soi. De nouveau, l’univers des paillettes me rouvrait les bras : je voulais intégrer un groupe de cosmétiques. Si je dis « voulais », c’est que ça n’a pas marché. Apparemment, faire son stage de fin d’études dans ce milieu était la seule façon d’y entrer. Jamais réussi à avoir un entretien, je me suis retrouvée dans la biscuiterie.
Diplômée, après une année sans rien, alors que je commençais à faire de l’?il aux boîtes d’informatique, j’ai eu l’opportunité de bosser dans l’édition. Rien à voir avec tout mon cheminement depuis le départ. Je ne saurais dire si j’ai des regrets. Mon parcours professionnel chaotique et mes mésaventures me donnent juste à penser que je n’ai pas vraiment eu de bol. J’aime ce que je fais, j’aime avoir le sentiment de faire partie de quelque chose, de contribuer à créer un produit. Même si c’est un travail exigeant et très ingrat. Mais c’est une autre histoire…