Le dernier homme – Margaret Atwood
Le dernier homme n’est pas dans la liste de mes suggestions de lecture, mais son auteur si, avec La servante écarlate (dont je t’ai déjà parlé).
Comme La servante écarlate, Le dernier homme est un roman d’anticipation. Ce coup-ci centré sur un homme.
La fin de l’humanité est proche. Son dernier représentant se fait appeler Snowman. Il tente de survivre dans un environnement devenu hostile (UV, créatures génétiquement modifiées…). Il veille sur une tribu d’humanoïdes créés génétiquement, les « Crackers », des êtres humains améliorés, programmés pour être meilleurs. Ainsi, leur créateur a supprimé la violence, le désir, la religion… A travers les souvenirs de Snowman, on découvre petit à petit l’ultime catastrophe qui a fait de lui le dernier homme, et qui a créé les Crackers.
Margaret Atwood nous sert de nouveau une vision effrayante du futur. Cette fois-ci, elle est technologique. Les catastrophes écologiques s’enchaînent, la « vraie » nourriture est de plus en plus difficile à trouver, les maladies sont encore plus virulentes. Les humains se répartissent en deux catégories : ceux qui ont réussi et vivent dans les compounds confortables et protecteurs des grandes compagnies et les autres qui s’entassent dans les plèbezones. Les grandes compagnies créent à tour de bras des produits miracles, des vaccins et des animaux hybrides pour palier le manque d’animaux « véritables » donc de nourriture.
De manipulation génétique en manipulation génétique, les laboratoires en viennent à créer les nouveaux virus destructeurs pour pouvoir vendre à prix d’or leurs remèdes. Cracke, ami d’enfance de Snowman, dénonce les dérives éthiques de ce développement technologique outrancier et décide de faire disparaître l’humanité par un procédé machiavélique et la remplacer par ses créations hybrides. Lui aussi est aveuglé, déshumanisé par son absence de sentiments.
Cette vision du futur s’intéresse aux sentiments, ou plutôt à la déconnexion des humains de leurs sentiments. La société est violente, des émissions diffusent exécutions, pornos avec violence et pédophilie. Et tout cela ne semble pas « grave ». Les gens l’acceptent. Tout comme ils acceptent les manipulations génétiques et les remèdes miracles. C’est un peu comme si rien n’avait d’importance. Quelques uns se révoltent et rejoignent des collectifs d’activistes, mais sont tout autant à côté de la plaque que les autres.
Comme tu vois, ça fait froid dans le dos. Car, une fois de plus, ça pourrait se produire. Jusqu’où notre folie et notre inconscience nous mèneront-elles ?
A noter, Le dernier homme présente le même type de construction narrative (présent entrecoupé de souvenirs) que La servante écarlate.
Le dernier homme – Margaret Atwood
Robert Laffont
22,50 €