Suis-je en train de devenir une vieille conne blasée ?
En début de semaine, alors que je cherchais de la lecture sans image, accroupie devant la bibliothèque (les livres de poche sont en bas, je n’emporte pas les beaux volumes de L’Atalante dans le métro), j’ai décidé de prendre les trois tomes de La Malerune de Pierre Grimbert, secondé par Michel Robert. Histoire de renouer avec l’heroic fantasy. J’avais adoré Le secret de Ji, lu il y a de ça presque 10 ans maintenant.
Et quelle ne fut pas ma déception ! Au deuxième jour de lecture, j’ai enfin pu mettre un mot sur mon malaise : c’est convenu. Je ne m’attendais certes pas à quelque chose de révolutionnaire, mais là, c’est tellement classique, mortellement classique. Que ce soit dans le fond ou dans la forme, tout est si convenu. Et tellement prévisible ! Les types de personnages, leur caractère et leurs relations, le déroulement de la quête (car bien sûr, c’est de l’heroic fantasy questuel), les retournements de situation, même le dévoilement de l’identité du grand méchant, tout est prévisible si on a un tant soit peu de lecture heroic fantasy derrière soi. A un tel point que c’en est exaspérant.
Je veux du sang ! Plus de sang ! Des personnages principaux qui meurent bêtement en trébuchant dans un escalier. De vrais grands méchants. Et qu’ils gagnent pour une fois ! Plus de quête, plus de prophéties à la noix, plus d’aide divine, fini, on passe direct à l’affrontement avec les méchants. Ou encore plus de méchants du tout, juste un monde mortellement ennuyeux et des types lambda se prenant pour des héros qui finissent par foutre la merde partout, des Don Quichotte puissance 10 000. Je sais pas moi, de l’audace voyons ! Du culot ! Osez donc !
Mais je m’égare. Revenons à La Malerune.
La forme n’est pas spécialement excellente, le travail de l’éditeur peu consciencieux. Là non plus, je ne m’attendais pas à de la grande littérature (j’ai beaucoup de mal avec les longues phrases torturées des contemporains de Zola), mais il y a un minimum de standing tout de même ! Et c’est là que l’éditeur est censé faire son office. Notamment faire disparaître ces horribles, maladroites et malvenues répétitions de groupes de mots. Extrait à l’appui : « L’allégresse régnait dans le camp. Hogo fut hissé sur les épaules des guerriers et promené en triomphe dans le camp. » (La Malerune 2 : Le dire des Sylfes). Pour moi, la répétition de « dans le camp » est une faute de débutant, le genre de situation que j’essaie d’éviter autant que possible quand j’écris (et je ne suis qu’une vulgaire écrivaillonne). Si cela n’arrivait qu’une fois, ça pourrait passer. Je ne m’attarderai pas sur les fautes énormes de grammaire, de conjugaison et de syntaxe. Allez, si, un peu quand même. Des points manquent régulièrement, des majuscules apparaissent en plein milieu d’une phrase. C’est juste insensé. Irritant au possible.
Me voilà donc frustrée et énervée au sortir de cette lecture. Au point de penser que depuis le mythique Seigneur des Anneaux de Tolkien – un grand monsieur ! – on n’a rien écrit de mieux.
Ce à quoi Darling a répondu : « Par contre, faut surveiller, si tu commences à naulleauter tout ce que tu lis, faudra recommencer à lire des manga ^^ ». La voix de la sagesse, sans nul doute.