Bla-Bla

Pendez-les haut et court !

La nuit de samedi à dimanche, je n’ai pas dormi. Non, j’ai dormi après. Et non, je n’ai pas fait la fête. Pas moi, mais eux. En face, là. Jusqu’à 5h30 du matin ! Et pour la première fois, j’ai appelé le 17. Chronique d’une nuit blanche.

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Passablement fatiguée entre la reprise et le soin de mes yeux, je suis partie me coucher tôt, à 23h – tôt par rapport à mes habitudes, surtout un samedi soir, où c’est plutôt 1 à 2h du matin. Je somnole et je me rends compte qu’il y a du bruit dehors. Beaucoup. Et les fenêtres sont fermées, toutes. Darling soupçonne les voisins en dessous, du côté des box, ceux qui font des barbecues. C’est tellement fort. J’essaie de dormir malgré la musique dont le volume augmente et les types qui beuglent. Qu’on les pende haut et court !

Ils ont bu, c’est sûr. Et pas qu’un peu. Ils sont alcoolisés, en jargon officiel. Ca braille, ça braille, et moi je m’efforce toujours à dormir. Je tourne, je tourne. Mon oreiller me gêne, un de mes bras s’engourdit, la nervosité gagne mes jambes. Darling ne dort pas non plus. J’ouvre un œil et je regarde l’heure. 3h30. Merde. J’ai les yeux bien ouverts. Alors, impossible de dormir. Je tourne encore. Je râle. J’ai soif. 

4h du matin. Je me résous à descendre boire de l’eau et ça y est, c’est décidé, je vais gueuler. Bordel. J’ouvre la fenêtre. Stupeur. Pas ceux d’en bas, mais ceux d’en face, de l’autre côté des box. A près de 30 m. Des jeunes font la fête, genre 18 ans, musique à fond, fenêtre ouverte. Ils fument – quoi, je sais pas -, ils boivent. Ils braillent. Moi aussi, je m’y mets. Je gueule : « Oh ! Ça suffit ! Il est 4h du matin. Arrêtez la musique ! » Je gueule, mais ils n’entendent pas. Je gueule encore et encore. J’essaie de gueuler entre les morceaux. Rien n’y fait. Qu’on les pende haut et court !

Darling m’a apporté son téléphone. Je compose le 17. Un monsieur me répond. Je ne sais pas quoi dire alors je dis que je veux signaler une fête. Formulation pourrie. Il me demande où je suis. Oui, cruche que je suis, novice en 17, c’est pas local. Il a bien compris que je voulais me plaindre de tapage nocturne. Je pense qu’il entend la musique à travers le combiné. Il demande si c’est dans mon immeuble. Je m’embrouille, non c’est dans l’immeuble en face, désolée je suis très fatiguée, je veux dormir. Quelle rue ? Merdouille, le nom de la rue. Le monsieur est calme et patient, il me cite le nom des rues perpendiculaires à la mienne. Voilà, c’est celle-là. Il dit qu’il va envoyer quelqu’un.

On attend. On est tout à fait réveillés. On boit, jus de fruit, thé glacé. On commente. J’ai l’impression d’être une vieille grincheuse qui espionne ses voisins par jalousie. En fait, je veux juste dormir. 

5h. Je rends les armes, je retourne me glisser dans mon lit. Je me bouche les oreilles pour étouffer le son. Dehors, j’ai entendu deux voitures passer, mais pas s’arrêter. La police ne viendra plus. Je n’y crois plus. Tiens, le bruit a changé, ils ont fermé la fenêtre, on entend presque plus rien, je vais pouvoir dormir. Ou pas. la fenêtre est de nouveau ouverte. Je vire mon oreiller que je ne supporte plus. Je soupire, encore et encore. Et je colle mes mains sur mes oreilles. Darling me dit : « soit ils vont chez un autre pote, soit ils vont manger des pates, j’ai pas bien entendu ». Oh. Mais le bruit se poursuit. Je bouche mes oreilles. Qu’on les pende haut et court !

Et là. « J’ai entendu quelqu’un dire « ouvrez la porte ! » et depuis ils ont coupé la musique et la lumière est allumée. » Peut-être la police ou quelqu’un qui habite dans leur immeuble et qui a enfin décidé de se bouger. Tout le pâté de maison les entendait. Ou alors un des types sorti et qui veut re-rentrer.

Je veux dormir. Il est 5h30. Ça y est. Je dors.

Je me réveillerai à 11h30, complètement cassée, la vision trouble. Mal à la tête. Coup de barre toute la journée. En face, volets fermés. Eux, ils doivent cuver, j’espère que la gueule de bois sera rude, parce que moi je douille bien et j’ai rien fait.

Sales gosses. Qu’on les pende haut et court ! Je suis trop vieille pour ces conneries. Et non, je n’ai jamais fait comme eux, étant plus jeune. Je sais, je suis pas une fille marrante. Du moins, pas dans ce sens-là du terme. Laissez-moi dormir. La prochaine fois, je me déplacerai, ouais. J’irai vous engueuler directement. Fermez au moins cette foutue fenêtre. Et moi, j’irai dormir.

Allez, salut !

Crédit : Roger Hargreaves / Hachette