3615 my life #15
À ceux qui restent
[TW deuil]
Mercredi, nous nous réunissons entre collègues de longue date pour notre rituel de milieu de semaine : le déjeuner dans un resto où nous avons nos habitudes. On parle de week-end prolongé. Quelqu’un demande “quelque chose de prévu pour Noël ?”
À côté de moi, elle répond qu’elle ne sait pas encore, c’est en discussion. Et puis “je voudrais juste que mon père soit là, ça sera le premier Noël sans lui”. Elle est émue.
Un souvenir me revient sans prévenir. Décembre 1998. Premier Noël sans Maman. J’ai 18 ans, mon frère va en avoir 15. On est là, tous les trois, avec Papa. Cette impression d’incongruité. Quelque chose qui cloche. Ce vide qui ne se remplit pas. Ça fait un mois que Maman n’est plus là.
Je comprends tout à fait ce qu’elle veut dire. Je sens venir les larmes. À quoi bon les retenir ? Je suis bien entourée. Autour de la table, ils savent ou se doutent.
On se regarde, on s’excuse. On essaie de blaguer pendant que je sèche mes yeux.
On croit qu’en ne montrant pas ce qu’on ressent, qu’en se retenant de pleurer, on est fort. Non, on est fort d’arriver à vivre avec le vide pesant de l’absence. Souvent, on a peur d’imposer sa tristesse aux autres. Oui mais mes problèmes sont moins graves donc… Non, c’est pas une compétition, on a le droit d’aller mal, de ne pas se sentir bien, de pleurer. Notre douleur n’annule pas celle des autres.
Un autre souvenir. Quelques années plus tard, après un concert de Kamelot. J’essaie de voir les membres du groupe pour avoir des dédicaces. Et surtout, je veux parler au guitariste de ce que représente pour moi la chanson qu’il a écrite après le décès de son père. Je baragouine un truc en anglais. Il comprend tout de suite et me sert dans ses bras.
Si tu as besoin de parler, je suis là.